lundi 27 février 2012

Le français est une chance !




Pour nous toutes et nous tous qui avons choisi de nous rassembler au sein de la Francophonie, le français, c’est en effet cette chance insigne qui nous est offerte de pouvoir entrer en contact par-delà les frontières et les océans, non pas seulement pour communiquer entre nous avec l’assurance de nous comprendre, mais aussi et surtout pour agir solidairement, pour réfléchir, ensemble, aux défis du présent et du futur, pour partager nos craintes, nos espoirs et nos ambitions, dans la détresse comme dans l’allégresse.
C’est la chance de pouvoir expérimenter, concrètement, à travers la littérature, la chanson, les arts vivants, ce que la diversité des expressions culturelles a de stimulant, d’enrichissant, de fécondant,
C’est la chance de pouvoir former des réseaux performants d’universitaires, de chercheurs, d’experts, de professionnels, de maires, de parlementaires, pour que le dialogue et la coopération au service du développement durable ne relèvent plus de la décision des seuls États, mais de l’engagement militant des peuples, de la société civile, des citoyens,
C’est la chance de pouvoir confronter nos expériences et de mutualiser nos expertises pour que prospère l’État de droit, pour que s’enracine la culture de la démocratie et des droits de l’Homme, pour que progresse la paix, tant au sein des nations que dans les relations entre États,
C’est la chance de pouvoir nous concerter pour faire prévaloir les intérêts de tous, et singulièrement de ceux que l’on a pris l’habitude de ne plus entendre.
Alors en cette période de crises profondes et multiformes, de mutations violentes et déstabilisatrices, en cette période où les liens de solidarité tendent à se déliter au profit du chacun pour soi, en cette période où grandit la tentation de stigmatiser ce qui nous différencie les uns des autres au lieu de retourner aux sources de notre humanité commune, en cette période où la détresse et l’indignation de la jeunesse contre ce qui a été et ce qui est, ne suffisent pas à concrétiser ce qui devrait être, ce qui pourrait être,
Savourons cette chance, non pas comme un acquis, mais comme un défi à relever jour après jour, comme un puissant moyen d’action, comme un formidable levier pour faire émerger une autre vision du monde et du destin qui nous lie, une vision acceptable par tous, équitable pour tous.
Cette chance, offrons-la surtout, en gage d’amitié et en signe de ralliement, à toutes celles et tous ceux, toujours plus nombreux, qui choisissent d’apprendre le français pour s’ouvrir au monde.
Abdou Diouf

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