Les anagrammes sont des transpositions des lettres d’un mot pour en former un ou plusieurs autres.
Le mot vient du grec , ανά, « en arrière », et γράμμα, « lettre », anagramma : "renversement de lettres" . C’est un jeu des lettres, un jeu linguistique, utilisé par des poètes, des écrivains, où dans certains mots croisés (une solution peut être trouvée en identifiant quelles sont les lettres à utiliser puis en résolvant l'anagramme).
L’exemple le plus célèbre est Alcofribas Nasier, le pseudonyme sous lequel François Rabelais a signé l’un de ses livres.
Pour Ferdinand de Saussure, l’anagramme est le principe de base de la technique poétique indo-européenne, l’anagramme est une figure qui joue sur le sens caché du signifiant. Ferdinand de Saussure parle aussi de l’hypogramme (anagramme fondée sur les syllabes) et de paragramme (une anagramme libre).
Lorsque l'anagramme inverse l'ordre des lettres sans le bouleverser significativement, on parle d’un palindrome.
Il y a des anagrammes à partir d’un seul mot (aimer - Marie, parisien - aspirine, aube - beau) et des anagrammes à partir des plusieurs mots (Révolution française - un véto corse la finira ; Les Misérables - il les embrasse; Albert Einstein - Rien n’est établi). Le nom du Salvador Dali anagrammé donne Avida dollars. Le nom de l’héroïne du film de Jean Pierre-Jeunet, Amélie Poulain, forme la curieuse anagramme Oui à l’ami Le Pen.
De nos jours il y a des logiciels et des sites (http://www.barbery.net/) qui nous aident à trouver des anagrammes, ce n’est plus un casse-tête de jouer au Scrabble.
Le parler jeune devient de plus en plus utilisé, des mots du verlan sont rencontrés dans les films, dans les chansons, dans les dictionnaires et dans le parler quotidien, même dans le parler des ministres.
On ne peut plus comprendre les chansons de Renaud , Laisse béton, où d’autres chansons , surtout des chansons rap qui parlent des meufs ou des keufs et des teufs,des films comme La Haine de Mathieu Kassowitz ou Les Ripoux , le film de Claude Zidi si l’on néglige ce genre de langage. La phrase du secrétaire d’état, Fadela Amara, lors d’un Conseil des ministres, « Il faut aller à donf ! », montre que des termes du verlan sont devenus très communs, ils sont utilisés même de manière automatique, le verlan n’est plus l’apanage de ceux qui vivent dans la banlieue. On est dans la situation dans laquelle on voit bien comme l’argot enrichit la langue française et en général il y a deux opinions , ceux qui sont pour, qui considèrent que la langue française a des bénéfices en recevant des mots nouveaux , et ceux qui sont contre, pour lesquels, si l’on utilise des mots de l’argots, on est en train de dégrader la belle langue de Voltaire ou de Molière . Quand même c’est un phénomène linguistique qui vaut la peine d’être étudié, c’est le français qu’on entend dans la rue, la langue est un phénomène très dynamique et il faut l’étudier dans tous ses aspects, même ses aspects plus grossiers.
Le français Kiskose , si l’on pense au livre de Robert Beauvais, a une saveur spéciale .
D’ailleurs , le verlan, n’est pas un phénomène très récent, il est utilisé depuis longtemps, aujourd’hui il s’est développé davantage .
Le mot verlan vient de l’envers, il était écrit au début ver-l’en ou verlen , et alors on parle de verlanisation ou de verlaniser , premièrement il peut être considéré comme un jeu linguistique qui consiste à renverser les syllabes d’un mot. C’est un code linguistique, comme d’autres codes, le largonji, le loucherbem(l’argot des bouchers qui est devenu l’argot du 18ème siècle) ou le javanais, codes qu’on utilisait les siècles passés, les mots sont codés selon des principes préétablis .
Auguste le Breton affirme qu’il aurait introduit le verlan dans la littérature :
« J'ai introduit le verlan en littérature dans Le Rififi chez les hommes, en 1954. Verlen avec un e comme envers et non verlan avec un a comme ils l'écrivent tous... Le verlen, c'est nous qui l'avons créé avec Jeannot du Chapiteau, vers 1940-41, le grand Toulousain, et un tas d'autres. »
(Auguste Le Breton, in Le Monde 8-9 déc. 1985.)
Pourtant des mots du verlan sont utilisés à travers les siècles, par exemple, Sequinzouil pour Louis Quinze (vers 1790) ou Lontou pour Toulon(vers 1760), Bonbour(vers 1585).
Le codage ne consiste seulement à inverser les syllabes, comme c’est le cas des mots simples du genre zarbi, ouf, ziva, zicmu, féca, renpas, il ya aussi des changements phonétiques. Parfois on parle de reverlanisation ou la double verlanisation, (feuck pour keuf ou chelaoim), des métathèses secondaires(demeur à partir de deumer , merde), des verlanisations internes et incomplètes (chewam, chewat), des fausses coupes et agglutinations(rabza pour des Arabes).
Un autre aspect important du verlan concerne le sens des mots, on réduit souvent le verlan à l'aspect phonétique sans observer le travail sur les significations. Le verlan emprunte des mots à différentes sources allophones et néglige des synonymes courants, il peut ainsi passer par un encodage sémantique. Il peut aussi jouer sur des métaphores afin de ne pas partir du terme exact courant. Le brouillage peut aussi se servir des homonymies avec le français standard.
Il y a plusieurs possibilités de verlaniser :
a)simple inversion:
fou > ouf
à fond > à donf
musique>zic mu
pourris > ripoux
tomber > béton
b) inversion et rajout d'un autre son pour faciliter la prononciation:
mec > keum
fête >teuf
flic >keuf
Black (noir) > blackeu > keubla
c) il y a des mots trisyllabiques verlanisés :
– Rejet de l'initiale en finale : S1 S2 S3 > S2 S3 S1
Cigarette : garetsi
Partouze : touzepar. Par apocope, ce mot devient ensuite touze
– Inversion totale des syllabes. S1 S2 S3 > S3 S2 S1.
Calibre : brelica
Partouze : zetoupar
Mais des trisyllabes peuvent devenir des disyllabes du fait de la présence d'un e caduc à l'intérieur du mot. Ce e dit muet n'est pas prononcé dans le langage familier ou à l'oral. La syncope a donc lieu avant la verlanisation.
Maquereau : makro > kroma > krom par apocope.
Les expressions peuvent devenir aussi des mots :
– Vas-y : ziva.
– Comme ça : sakom. Cette expression connaît une variante comac (comaque, comaco) qui ne possède pas une origine dans le verlan, mais dans le provençal comme aco. Elle est attestée en argot depuis 1867 et c'est à tort qu'on y voit du verlan.
– Trop grave : gravetrop.
« Lawis » : verlan du mot « celui-là ».
«Celui-là >« la-celui > la-sui > la-uis > lawis
– Lâche-moi > chelamoi > chelaoim.
Cette expression est complexe, il s'agit d'un disyllabe à l'origine, mais elle devient un trisyllabe par l'emploi du e caduc. Il y a ensuite une première verlanisation par la permutation des syllabes, puis une seconde verlanisation des phonèmes.
À part le verlan on parle aussi du veul, phénomène linguistique qui consiste non seulement de renverser les syllabes, mais aussi de rajouter encore un son pour ne deviner facilement l’encodage :
Ex : sac >kas >keus
Un mot peut être reverlanisé, par exemple, le mot beur, entré dans les dictionnaires comme désignantjeune Magrébin né en France , il devient reub :
Arabe >beur> reube> reub
La prononciation beur était utilisée dans les années 80. Aujourd'hui on dit plutôt reub ou reube. Tous ces mots n'ont pas de valeur péjorative.
On ne peut pas tout verlaniser, les mots courts sont les plus encodés, de même, certains mots se prêtent mieux à l’encodage à partir de leur champ sémantique, les mots clés surtout.
Beaucoup des mots verlanisés sont construits à partir des mots d’argot, l’exemple le plus connu , c’est le mot flic :
Flic > keuf > feuk
Feuk est plus difficile à reconnaitre que keuf, le langage de la banlieue, comme tout argot , se veutun code difficile à être décrypté . Quand le vocabulaire codé appartient à l'argot en vogue dans un certain groupe, le déchiffrement est encore plus difficile
Le verlan est un langage qui emprunte déjà des mots à la langue française, certains mots sont passés dans le langage courant , ces mots codés ne changent pas de sens, ils changent seulement de forme .
Ce code linguistique fait partie ou de l’argot de la banlieue (il y a beaucoup des mots fabriqués qui ne sont pas connus par le grand public, ils restent incompréhensibles pour la majorité des gens) ou du langage familier ou populaire.
Le français comme d’autres langues, est une langue vivante, et qui dit langue vivante dit langue qui évolue, qui s'enrichit de nouveaux mots, même des mots du verlan ou du veul.