mercredi 15 juin 2022

Mihai Eminescu - 133 ans après sa mort

 


Je n'ai qu'un seul désir


Je n'ai qu'un seul désir:
Sous le couchant d'éther
Qu'on me laisse mourir
Près du bord de la mer
Que mon sommeil soit doux
Et le vieux bois voisin,
Que mon ciel soit serein
Dessus les eaux partout.
Je ne veux de drapeaux
Ni de riche cercueil,
Mais seul un lit de feuilles
Fait de jeunes rameaux.

Que personne après moi
Ne pleure à mon chevet:
Seul l'automne m'envoie
Le chant de sa forêt.
Quand tombent cristallins
Les ruisseaux qui bruissent
Que l'or de lune glisse
Aux cimes des sapins
Que la clochette franche
Pénètre le vent froid
Que le tilleul sur moi
Secoue sa sainte branche

Et comme à l'avenir
Ne serai plus errant
Me couvrira le temps
Aux flots des souvenirs.
L'étoile qui surgit
De l'ombre des mélèzes,
Sourira bien aise
Comme éternelle amie.
Gémira l'âpre chant
Que soulève la mer...
Je ne serai que terre
Dans mon triste néant.

Version française par Paul Miclău

Mai am un singur dor

Mai am un singur dor
În liniștea serii
Să mă lăsați să mor
La marginea mării;
Să-mi fie somnul lin
Și codrul aproape,
Pe-ntinsele ape
Să am un cer senin.
Nu-mi trebuie flamuri,
Nu voi sicriu bogat,
Ci-mi împletiți un pat
Din tinere ramuri.

Și nime-n urma mea
Nu-mi plângă la creștet,
Doar toamna glas să dea
Frunzișului veșted.
Pe când cu zgomot cad
Isvoarele-ntr-una,
Alunece luna
Prin vârfuri lungi de brad.
Pătrunză talanga
Al serii rece vânt,
Deasupră-mi teiul sfânt,
Să-și scuture creanga.

Cum n-oi mai fi pribeag
De-atunci înainte,
M-or troieni cu drag
Aduceri aminte.
Luceferi, ce răsar
Din umbră de cetini,
Fiindu-mi prietini,
O să-mi zâmbească iar.
Va geme de patemi
Al mării aspru cânt...
Ci eu voi fi pământ
În singurătate-mi.

vendredi 14 janvier 2022

Glosse par Mihai Eminescu




 Le temps passe, Ie temps vient

tout est ancien, tout est nouveau;
Ce qui est mal, ce qui est bien
Pèse et médite à tout propos;
N'espère pas et n'aie pas peur,
Ce qui est flot en flot s'en va,
Si on te mande ou on te leurre.
A toute chose reste froid.


D'innombrables choses on voit,
On en entend sonner beaucoup,
Qui pourrait retenir cela,
Et qui pourrait écouter tout?. .
Toi, tu dois t'asseoir d'un côté,
Te retrouvant dans ton maintien,
Dans les bruits de la vanité
Le temps passe, le temps vient.

Que ne penche pas son aiguille
La balance du froid penseur
Vers l'instant léger qui oscille
Pour le faux masque du bonheur
Qui surgit de sa mort peut-être
Et retombe dans le chaos;
Pour celui qui peut le connaître
Tout est ancien, tout est nouveau.

En spectateur au grand théâtre
Dans ce monde imagine-toi:
Sous masques tristes ou folâtres
Son jeu, tu le devineras.
S'il se dispute ou s'il en pleure
Tu dois méditer dans ton coin
Pour saisir dans leur art trompeur
Ce qui est mal. ce qui est bien.

Car l'avenir et le passé
Sont les doux faces de la feuille,
Voit tont au bout le point d'entrée
Celui qu'exerce son oeil
Tnut ce qui fut ou qui sera
Sr trouve dans les faits, les mots,
Quant à leur vanite déjà
Pese et medite a tout propos.

Aux mêmes moyens destinés
Se soumet tout ce qui existe
Et depuis des milliers d'années
Le monde est gai, le monde est triste
D'autres masques, la même pièce,
D'autres voix, mais te même choeur,
Même trompé, dans ta détresse
N'espere pas et n'aie pas peur.

N'espère pas quand les salauds
Pour le trionphe se battront
Ils l'emporteront, les idiots
Malgré ta belle étoile au front:
Ne t'en fais pas, ils vont chercher
Entre eux-mêmes se ployer bas,
Ne sois jamais leur associé:
Ce qui est flat, en flat s'en va.

Pareil à un chant de sirène,
On vous attire en guet-apens;
Pour chancher les acteurs. sur scène
On vous attrappe en vous leurrant';
A côté glisse vite et sors,
Ignore leurs propos flatteurs,
De ton sentier en dehors.
Si l'on te mande ou on te leurre.

Evite cependant leurs coups,
Face aux calomnies tais-toi bien;
Renonce à tes conseils surtout
Si tu connais leurs vrais moyons;
lls peuvent parler à leur aise,
Vive en ce monde qui vivra
Et afin que rien ne te plaise,
A toute chose reste froid.

A toute chose reste froid,
Si l'on te mande ou on te leurre,
Ce qui est flot en flot s'en va,
N'espère pas et n'aie pas peur;
Pese et medite à tout propos
Ce qui est mal, ce qui est bien,
Tout est ancien, tout est nouveau:
Le temps passe, le temps vient.